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Chaque jour, après le spectacle, nous partons "parader" dans les rues d'Avignon afin d'aller à la rencontre de nos potentiels spectateurs, de se faire connaître et voir des festivaliers. Il s'agit d'arpenter les rues d'Avignon en costumes pour parler de notre spectacle. Nous y allons en équipe, tous, sans exception, deux fois par jour. Juste après la représentation, vers midi, puis en fin d'après-midi après un déjeuner tardif et un court moment de détente, ensemble, à la maison, ou plus rarement en ville.

Nous partons chargés de flyers, autrement dit de tracts ou prospectus informatifs décrivant notre spectacle, mais aussi de notre sono qui passe certains des airs sue nous chantons sur scène. Nos costumes, les flyers, tenus en évidence et notre musique permettent de nous rendre repérables pour les personnes qui souhaiteraient nous trouver afin qu'on leur parle du spectacle.

Cette partie du travail est la plus usante et fatigante mais aussi la plus surprenante. D'abord, il faut marcher des heures durant sous le soleil et en costumes et le piétinement fatigue ... Ensuite, il faut parler tout le temps, et fort, par dessus les musiques des autres parades, parfois excessivement fortes, ce qui fatigue vocalement et obligent nos interlocuteurs à tendre l'oreille ... Mais il y a aussi d'excellents cotés. Quel plaisir de croiser un papa qui vous dit que sa fille est venue vous voir l'an passé et que depuis elle écoute le CD tous les matins et que vous êtes son spectacle préféré ! Quel bonheur de rencontrer des enfants désireux de se faire photographier avec vous ou simplement d'avoir un échange avec eux : "Clochette, c'est ta copine ?"

Si les sourires des enfants sont toujours magiques, chez les plus grands bous rencontrons autant de personnes intéressées que de personnes blasées ou pressées refusant de prendre les flyers. Il est important d'être très souriant et poli, et surtout d'adapter sa façon d'aborder les gens et son discours à chaque personne. Nous disons en substance la même chose à chacun, bien sur, mais nous nous attardons plus ou moins sur les détails, la forme ou l'histoire. Un programmateur rencontré au hasard des rues aura envie d'en savoir un peu plus sur la mise en scène, le décor et la création lumière; un parent seul aimera apprendre que le spectacle est ludo-pédagogique et se renseignera souvent sur la durée; une famille entière accompagnée d'enfants voudra savoir l'horaire de programmation, le résumé de l'histoire et éventuellement qu'on lui explique comment se rendre au théâtre.

Notre gros "plus" sur "La fée Sidonie et les secrets de Noël" est que nos flyers sont des origami ! Les enfants adorent. Et les parents aussi !

Souvent, nous aidons les enfants à réaliser "l'oiseau magique" et cela permet de nouer le contact. Ils se souviennent ensuite de nous lorsqu'ils viennent au spectacle !

Cette partie de la communication est très importante et nous croisons des tas de troupes dans la rue. Certaines chantent, dansent, certaines sont en costumes, d'autres non, en tout cas c'est un bon moyen au spectateur de rencontrer les artistes des spectacles qu'il pourrait voir et au artistes de se démarquer. Cela permet aussi de découvrir les autres compagnies sur le festival, c'est un moment d'échanges.

Ainsi, si le festival se passe bien sur sur scène, il se déroule aussi dans les rues et l'ambiance de la ville en est toute changée, pendant ce mois, sans relâche, entre les affiches en cartons, les parades, les numéros, les artistes costumés, les vendeurs ambulants et les spectacles de rues, Avignon est méconnaissable. De nombreux touristes y viennent pour la journée, les festivaliers y traînent ... Une véritable attraction, 24h sur 24 ! N'hésitez pas à passer place de l'horloge, devant le Palais des papes, rue des teinturiers puis place des corps saints et des Carmes pour découvrir les différentes ambiances, à toute heure du jour ou de la nuit. Et bonne fin de festival car la fin approche ...

Au festival d'Avignon, le plus difficile pour les spectacles, troupes et compagnies, c'est de se faire connaitre du public, spectateurs et professionnels. Il y a environ 1300 spectacles cette année pour se distinguer et ressortir dans ce paysage artistique dense, il faut passer par plusieurs étapes.

D'abord, il est essentiel de s'inscrire dans le programme du OFF, édité par l'AF&C, l'association organisatrice et fédératrice du OFF, plusieurs semaines avant le début du festival. Chaque spectacle y propose son visuel, un court résumé, et sa distribution - comédiens, metteurs en scène, régisseurs, ... -.

Ensuite, une fois sur place, il est important comme nous l'avons vu de déposer des flyers et affiches chez les commerçants de la ville, mais aussi, d'apposer des affiches dans la rue.

A ce propos, chaque année, un arrêté préfectoral est mis à disposition des compagnies environ une semaine avant le début du festival. Il indique ce qui est permis et indiqué de faire ( les affiches ne doivent être en aucun cas collées directement sur les murs et donc disposées sur des cartons ) et ce qui est interdit (mettre des affiches autour des arbres, sur les monuments historiques, sur les panneaux de signalisation, ...). Egalement, on y découvre la date de d'ouverture du permis d'afficher. Cette année, ce fut le Mercredi 2 juillet à 14H00.

A 13h00, ce fameux mercredi, comme la plupart des compagnies, les membres du spectacle "La fée Sidonie et les secrets de Noël" sont déjà dans les rues, à l'affut des meilleurs emplacements, avec leurs affiches pré-collées sur des cartons, de la ficelle, des cutters, échelles, et tout autre attirail important pour permettre à chacun de disposer ses affiches à la vue du public. Nous avons passé la matinée à préparer les affiches et nous répartir les zones-secteurs d'Avignon pour l'affichage. "Afficher", si ce n'est pas une guerre, c'est au moins une bataille, et il faut être inventif, rusé, agile pour pouvoir placer ses affiches à la vue de tous sans risquer qu'elles ne se détachent à cause du vent et des intempéries, le tout en respectant les règles de l'arrêté préfectoral et sans recouvrir les affiches des autres spectacles. L'affichage c'est donc des heures de marche dans les rues, des comédiens sur des échasses, d'autres sur le dos de leurs camarades, des parties de rires, des engueulades, de la fatigue, de la fierté ... toute une épopée !

A 19H00, enfin, nous sommes rentrés afin de tenir une réunion d'information sur la billeterie, l'organisation des jours à venir, de diner - tout de même ! -, et de coiffer les perruques, restées durant quatre mois dans des plastiques ... et ayant bien besoin d'air !

Jeudi 3 juillet, veille de la générale, la journée a débuté tôt. A 8h45, nous avons fait une chauffe physique et vocale, avant de répéter un peu et de se réunir avec notre chargée de diffusion, Dorothée, afin d'organiser l'accueil des professionnels.

Cependant, la grosse action de la journée a été notre toute première parade : dès midi, nous sommes allés en costume dans la rue à la rencontre des festivaliers et de notre éventuel futur public afin de lui donner nos flyers, tout en expliquant notre spectacle brièvement. Il s'agit d'adapter le discours à chacun pour ne pas être trop intrusif tout en espérant se démarquer. Une fée, un Père-Noël et des lutins, c'est assez mémorable, de toute façon !

Aujourd'hui, les gens étaient souriants et réceptifs. Espérons que cela porte ses fruits !

Nous avons fini la journée avec un bon barbecue en équipe pour prendre des forces avant la grosse journée de générale de demain. Les moments de détente sont également essentiels à le bonne entente de la troupe et à la cohésion de groupe. Collègues et amis depuis plus d'un an, chez nous, les fées et les lutins s'entendent très bien ... et ce, même en civil !

A très bientôt !